Magome-Tōge et Kumano-Jinja

Plus loin quelques pierres déposées par les "marcheurs" pour solliciter la protection de ces Dōsojin (道 祖神), "kami de la route ". 

Ces "kamis" (esprits) sont des divinités tutélaires des frontières, ils sont censés protéger les voyageurs et les villages contre les épidémies et les mauvais esprits.

Longtemps la Nakasendō est bordée de forêts de bambous.

Forêt de bambous sur le Nakasendō
Forêt de bambous sur le Nakasendō

Des pierres levées et gravées jalonnent la route et indiquent parfois des directions mais plus souvent sont des "épitaphes".

 

Peu après le moulin c'est une pierre gravée à la mémoire de l'écrivain Jippensha Ikku.

Nakasendō : Monument de Jippensha Ikku
Nakasendō : Monument de Jippensha Ikku

La route traverse ensuite plusieurs petits hameaux. Parfois une seule maison, parfois trois ou quatre. 

 

Traversée du village de Magome-Tōge

Puis nous traversons le village de la passe de Magome : Magome-Tōge 馬籠峠 : les maisons sont construites en bordure de la route.

Elles datent, au minimum, de 1762, date à laquelle le "Grand Incendie de l"ère Hōreki" détruisit le village : depuis lors plus aucun incendie ne ravagea le village de Magome-Tōge et les maisons sont donc toutes de cette époque (elles ont été neanmoins restaurées pour la plupart !).

 

Nous saluons les quelques habitants que nous croisons d'un "konnichiwa"... auquel on nous répond par un simple signe de tête le plus souvent. 

Traversée du village de Magome-Tōge
Traversée du village de Magome-Tōge

Un magnifique chien à la robe rousse de sésame grillé, un chien typiquement japonais, un akita, prend nonchalemment le soleil devant sa maison et nous ignore tout aussi superbement !

un akita inu (ou akita ken) - le chien japonais qui sourit et a les yeux... bridés
un akita inu (ou akita ken) - le chien japonais qui sourit et a les yeux... bridés

Les plantes (les balais et les tanukis) aussi prennent le bon soleil de ce milieu de matinée tranquille.

Sanctuaire de Kumano (Kumano-Jinja)

A la sortie du village de Magome-Tōge, sur une colline à droite, dominant les maisons et les champs, est établi le petit sanctuaire * Kumano-Jinja (Kumano shrine)

Noous avons pensé qu'il s'agissait du "sanctuaire de l'ours" Kuma (ours) No Jinja, mais il semblerait que ce soit plus compliqué que cela !

 

Nakasendō : Kumano Shrine
Nakasendō : Kumano Shrine
Kumano-Jinja  熊野 神社  (Kumano Shrine) Le sanctuaire de l'ours
Kumano-Jinja 熊野 神社 (Kumano Shrine) Le sanctuaire de l'ours
Nakasendō : Kumano Shrine
Nakasendō : Kumano Shrine
Nakasendō : Kumano Shrine
Nakasendō : Kumano Shrine
Nakasendō : Kumano Shrine
Nakasendō : Kumano Shrine

Nous commençons à croiser des randonneurs qui viennent de Tsumago. Gens matinaux !... Et sportifs ! Sacs à dos, bâtons...

La passe de Magome (le "col") n'est plus très loin.

Ensuite la Nakasendō descend tranquillement sur Tsumago-Juku, notre destination.


Notes

  * Jippensha Ikku 

Jippensha Ikku, de son vrai nom  Shigeta Sadakaku, est un écrivain japonais, parmi les plus prolifiques de la fin de la période Edo (1765 – 1831) . 

Entre 1795 et 1801, il écrivit en effet un minimum de vingt romans par an, puis écrivit des sharebon, des kokkeibon, et plus de 60 histoires illustrées.

Son œuvre la plus connue est Tōkaidōchū Hizakurige (que l'on peut traduire par "À la force du mollet sur le Tōkaidō "), qui fut publié en douze parties entre 1802 et 1822. Il raconte les aventures rocambolesques de Kita et Yaji, deux hommes insouciants sur le grand chemin du Tōkaidō, qui reliait Edo et Kyōto, et qui fut peint plus tard par Hiroshige. 

Portrait de Jippensha Ikku, par Kunisada.
Portrait de Jippensha Ikku, par Kunisada.

Aston en a dit que c'était "le livre le plus drôle et le plus humoristique jamais écrit en langue japonaise ".

 

On raconte que sur son lit de mort, Jippensha Ikku demanda à ses élèves de bien vouloir placer sur son cadavre, juste avant la crémation alors habituelle au Japon, un certain nombre de paquets qu'il leur confia solennellement. Lors de ses funérailles, on dit les prières, on alluma le bûcher funéraire, et c'est alors que l'on se rendit compte que les dits paquets étaient remplis de feux d'artifice, qui explosèrent alors joyeusement. Ainsi Jippensha Ikku tint-il la promesse qu'il avait faite dans sa jeunesse que sa vie serait toujours pleine de surprises… et cela, même après sa mort.

* Kumano Jinja

Un Kumano-jinja (熊野神社) désigne au Japon un sanctuaire shintō consacré aux trois montagnes sacrées de Kumano : Hongū, Shingū et Nachi. Il existe plus de trois mille temples de ce type sur l’archipel, chacun dédié à un kami transmis par un autre sanctuaire Kumano selon un rite de propagation nommé bunrei (分霊) ou kanjō (勧請). L’origine et le centre spirituel de ces sanctuaires est le complexe religieux du Kumano Sanzan (熊野三山), situé au cœur des montagnes de Kumano, qui comprend entre autres le Kumano Hayatama-taisha (熊野速玉大社) (Shingū), le Kumano Hongū-taisha (Tanabe) et le Kumano Nachi taisha (Nachikatsuura), dans la préfecture de Wakayama.

 

Sources : Wikipedia

 

Le culte de Kumano remonte à la Préhistoire (époque Jōmon).

La dimension mystique mise en avant à Kumano constitue une tentative pour réactiver un fond ancien de conceptions religieuses partagées par le shintô et le bouddhisme qui confèrent à la nature une surabondance de puissance ou de sens.

Depuis le Moyen Âge, la littérature religieuse du shugendō enseigne que c’est au contact de cette "Grande Nature" sauvage que les ascètes s’imprègnent de l’énergie vitale (gen). Les compositions poétiques du moine Saigyō au XIIe siècle ou celles du poète Bashō au XVIIe tiennent aussi la nature pour l’expression du monde de l’éveil dans la pensée bouddhique, un espace de salut.

Purgé du terrifiant panthéon des démons, mauvais génies et autres malfaisantes déités, qui accompagnait les pèlerins d'autrefois vers Kumano, celui-ci est présenté aujourd’hui sous un aspect lumineux, apaisant, accueillant, disposé pour un face-à-face avec le corps du visiteur.

Kumano est désormais assimilé à un lieu de repos, de ressourcement et de réconciliation avec soi-même

 

Sources : Ateliers d'anthropologie - Lecture ethnologique d’un lieu saint connu depuis le VIIIe siècle - Ethnographie japonaise

 


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Kumano - Lecture ethnologique d’un lieu saint connu depuis le VIIIe siècle
Lecture ethnologique d’un lieu saint con
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